Chaque année, le 23 mai marque la Journée mondiale pour l’élimination de la fistule obstétricale, une occasion essentielle de sensibiliser le public à une condition médicale évitable, mais qui continue de toucher des milliers de femmes, principalement dans les régions les plus pauvres du monde. Initiée par les Nations Unies en 2013, cette journée met en lumière les souffrances silencieuses des femmes atteintes de cette pathologie, tout en appelant à une mobilisation mondiale pour l’éradiquer.
Qu’est-ce que la fistule obstétricale ?
La fistule obstétricale est une complication grave de l’accouchement qui survient lorsqu’un travail prolongé et non assisté provoque une déchirure entre le vagin et la vessie, ou le rectum. Résultat : la femme perd continuellement de l’urine ou des selles, ce qui entraîne souvent l’isolement social, la stigmatisation, et des problèmes de santé chroniques. Dans de nombreux cas, la perte du bébé pendant l’accouchement est également un traumatisme supplémentaire.
Une injustice médicale et sociale
La fistule obstétricale est un marqueur criant d’inégalités : elle touche principalement des femmes jeunes, pauvres, vivant dans des zones rurales et ayant un accès limité aux soins obstétricaux d’urgence. Dans les pays en développement, elle symbolise un échec à garantir des droits humains fondamentaux, notamment le droit à la santé, à l’éducation sexuelle et reproductive, et à une maternité sans risque.
Des progrès, mais des défis persistants
Depuis deux décennies, des avancées notables ont été réalisées grâce aux efforts des gouvernements, des ONG et des agences internationales comme l’UNFPA. Des campagnes de sensibilisation, des centres de traitement spécialisés et des formations pour les chirurgiens ont permis de soigner des dizaines de milliers de femmes.
Cependant, plus de 500 000 femmes dans le monde vivent encore avec une fistule non traitée, selon les estimations. Le manque de personnel médical qualifié, d’infrastructures adaptées et de financement reste un frein majeur à l’élimination de cette condition.
Le thème 2024 : « Briser le silence, restaurer la dignité »
À l’occasion de la Journée mondiale 2024, l’appel est clair : il est temps de briser le silence autour de la fistule obstétricale, de lever les tabous, et de mettre les femmes au centre des politiques de santé maternelle. Restaurer leur dignité passe par un accès équitable aux soins, mais aussi par l’éducation, la prévention des mariages précoces, et l’autonomisation des femmes.
Que peut-on faire ?
- Renforcer les systèmes de santé pour garantir des accouchements sécurisés.
- Investir dans la formation de sages-femmes et de chirurgiens spécialisés.
- Informer les communautés sur les droits sexuels et reproductifs.
- Soutenir les femmes guéries dans leur réinsertion sociale et économique.
La fistule obstétricale est évitable et guérissable. En cette Journée mondiale, rappelons que derrière chaque cas se trouve une femme, une histoire, une souffrance — mais aussi une espérance de guérison et de dignité retrouvée, si la volonté collective est au rendez-vous.

